Blork et size.fac
Séparation haute

Envoi de message privé Fermer ce menu

Destinataire : *

Message : *

Envoyer ce message privé

Les champs marqués d'un * sont obligatoires.

Menu : profil et inscription Fermer ce menu

Si vous avez oublié votre mot de passe, merci de nous indiquer les renseignements suivants :

Votre pseudo : *

Adresse email de votre profil : *

Les champs marqués d'un * sont obligatoires.

Blork & size.fac > Articles de Yohmgaï

Abonnez vous au flux RSS des articles de Yohmgaï

Broken Age : l'aventure de Double Fine

Article posté le 02/05/15 à 17:42

Vous en avez probablement tous entendu parler, il s'agit d'un des titres les plus médiatisés avant même d'avoir son titre. Sans plus attendre, je vais vous parler de Broken Age, aussi connu sous le nom de Double Fine Adventure, que je viens de finir.

Image

Je n'avais pas participé à la campagne de financement car on nous promettait monts et merveilles sans même dévoiler ne serait-ce qu'une vague idée de ce à quoi s'attendre, et l'accueil à l'époque m'avait surpris, car j'avais déjà financé d'autres projets qui n'avaient pas suscité d'engouement particulier alors qu'ils avaient des bases solides à montrer.
Au-delà de ça, rien ne permettait de savoir si Tim Schaffer, auréolé de succès d'il y a 20 ans, savait encore faire de bons jeux d'aventure (car on ne peut pas dire que ses récentes productions touchaient au génie).

Et d'ailleurs, j'ai longtemps dénigré cette campagne qui me paraissait assez absurde, de par son gigantisme autant que de par la confiance aveugle de 90 000 personnes envers une gloire du passé qui débarque en disant « je vais faire un truc génial, si, si ».

Image

Les années ont passé, le projet a connu bien des soucis, à commencer par une gestion au doigt mouillé particulièrement surprenante, qui a vu le jeu séparé en deux, puis être à court de financement en plein milieu alors que le projet bénéficiait d'un pactole par dix fois supérieur à la demande initiale.

Mais l'argent n'a pas, et n'est aujourd'hui pas le réel souci de Broken Age.

Son réel souci, ce sont ces presque 90 000 personnes, qui ont pour la plupart donné de l'argent sans savoir pourquoi, sans savoir à quoi s'attendre, et qui n'ont aucune espèce d'idée des défis que constitue le développement d'un jeu vidéo. Et comme on le voit très souvent, dans le jeu vidéo et ailleurs aussi, la majorité se sont révélé être des pleureuses impatientes et revanchardes, sorte de monstre à deux faces qui encensent les premières semaines et massacrent le reste d'une vie. Qui ne connaissent pas le respect, la valeur du travail… La gangrène, la vraie.

Comme je le disais, je viens de terminer Broken Age. Je n'avais pas joué au premier acte, tout simplement car je n'aime pas du tout les histoires morcelées dont il faut attendre la suite. J'en ai assez soupé avec Shenmue II dont le suspens en est rendu aujourd'hui à 12 ans, ou encore avec 1112 des Français d'Agharta Studio, dont l'histoire est en pause depuis 3 ans. Pour moi, Broken Age est un seul et unique jeu, je ne dissocie pas une partie de l'autre, et pour cause : le jeu ne le fait pas non plus. Il n'y a pas un texte pour annoncer le passage de l'un à l'autre, et la qualité de production et l'esprit étant les mêmes, il n'y a pas lieu de faire une différence.
Je pense que chercher à dissocier les deux alors qu'il ne s'agit aujourd'hui que d'une seule et même aventure, c'est perdre de vue le plaisir d'une aventure, justement.

Image

Broken Age est une erreur. C'est l'une de ces erreurs comme l'ont été Speed Racer des Wachowski ou Apocalypse Now de Coppola. Ou même Shenmue II (encore lui !). Des projets qui, si l'on avait su, n'auraient pas reçu le dixième de leur financement. Et qui, heureusement, l'ont eu, et dont les équipes en charge ont poussé leur vision jusqu'au bout. C'est un peu ça aussi, le propre d'un artiste, d'arriver à se détacher de la demande pour accomplir son œuvre, quitte à ce que cela ressemble à un chemin de croix.

Parce que Broken Age est un jeu d'aventure qui laisse la part belle à l'art. Les personnages, leur apparence complètement folle, ces couleurs, ces textures, tirées de véritables peintures sur papier, numérisées en haute définition… Le tout est animé, certes en vectoriel, avec un soucis du détail très plaisant, qui permet de passer outre l'apparence figée que ce type de design et d'animation impose. Et les doublages autant que les sons sont de très bonne facture. Et la musique est impeccable, composée par Peter McConnell qui avait déjà officié entre autres sur Grim Fandango.
Pour continuer sur l'aspect technique, l'interface est jolie, fluide, le jeu parvient à résoudre la quadrature du cercle en réussissant à réunir l'interface traditionnelle du point&click à celle des manettes. En effet, j'ai parcouru environ deux tiers du jeu avec ma sixaxis en main. Pour réussir cet exploit, le système de jeu propose, à la manette, de déplacer le curseur comme une souris, certes, mais aussi d'utiliser l'autre joystick pour se déplacer d'un point d'intérêt à un autre, de manière fluide et intelligente. Le mécanisme des puzzle n'étant pas basé sur la chasse aux pixels (les zones à cliquer sont par ailleurs assez larges), cela ne rend pas le jeu plus simple ni n'altère son gameplay. Non, ça permet seulement de pouvoir jouer également avec une manette.
Le jeu fonctionne avec un unique bouton, c'est un choix que l'on peut déplorer, mais on sent que Tim Schaffer, qui a chapeauté le projet, et dont le rôle principal est l'écriture de l'histoire et des dialogues, a conçu le jeu pour que l'on ne passe pas à côté de son dur labeur. Les personnages commentent leurs actions, ce qui de facto rend la commande « observer » inutile. Dans le même ordre d'idée, on peut passer chaque dialogue, même chaque animation de durée moyenne, ou franchir une porte à l'autre bout en double-cliquant. Ces actions sont également réalisables à la manette. Le but, c'est que jamais l'interface ou le système de jeu ne soit un obstacle, et que la frustration ne vienne que de votre incapacité à être malin. Sur ce plan-là, Broken Age est irréprochable.

Image

Et d'ailleurs, sur la plupart des points, ce jeu est irréprochable. Les personnages sont attachants, l'univers est varié, j'avais pas visité un vaisseau spatial dans un jeu d'aventure depuis Space Quest VI en 1995 (je ne l'ai fini que l'année dernière, mais chut !). La durée de vie est exemplaire (ça m'a pris 14 heures, mais je prends mon temps). Les doublages, et j'insiste là-dessus car c'est très important dans un jeu d'aventure de ce genre, sont vraiment très bons, et c'est en partie parce que tout a été fait dans les règles de l'art. Les doubleurs ont été choisis par des gens qui connaissent les personnages, et les lignes sont remises en contexte lors de l'enregistrement, ce qui est très rare. On y retrouve entre autres Elijah Wood qui interprète son personnage de manière vraiment très juste, mais aussi Jack Black ou encore Nick Jameson qui fut autrefois la voix du Dr. Fred dans Day of the Tentacle et celle de Max dans Sam&Max : Hit the Road. De plus, et c'est une fort belle évolution dans le milieu du jeu d'aventure, de nombreux égarements dans l'utilisation de l'inventaire ont été envisagés par l'équipe, et bénéficient donc de commentaires uniques. C'est vraiment très agréable, surtout quand on essaie quelque chose de bonne foi. Par rapport à Runaway par exemple, où on se fait traiter de con lorsque l'on essaie quelque chose qui n'a pas été prévu par le jeu, là, on a le droit à une explication, le plus souvent teintée d'humour, sur pourquoi ce n'est pas la bonne solution. C'est très agréable, et ça nous amène au point suivant : l'absence de système d'indice.
En effet, le jeu vidéo d'aventure a fort à faire. Lorsque j'étais gosse, dans les années 90, il fallait espérer un numéro spécialisé dans la presse, des amis calés avec une bonne mémoire, ou alors tenter sa chance avec les hotline et sur le minitel. Les deux dernières solutions n'ont par ailleurs jamais fonctionné pour moi, mais bon, c'est du passé. Parce qu'aujourd'hui, lorsque l'on est bloqué plus de deux minutes, la tentation de chercher sur Internet est grande, très grande. D'autant plus grande que beaucoup de jeux d'aventure ont, par le passé, démontré que même avec toute votre bonne volonté, certaines énigmes sont tout simplement beaucoup trop complexes (Escape from Monkey Island) ou insensées (Discworld) pour être résolues par la majorité des joueurs. Chacun y est alors allé de sa petite initiative, en proposant par exemple des indices avec une fréquence modulable (Sam&Max de Telltale), voire carrément donner accès à la solution de l'énigme moyennant un mini-jeu (Machinarium). Broken Age réussit à cette tâche le plus élégamment possible : pas de système d'indice, pas de soluce intégrée… non. Juste des commentaires pertinents de la part des protagonistes qui permettent d'orienter suffisamment, sans pour autant vendre la mèche, la pensée du joueur.
Alors bien sûr, il y a quelques ratages, à mon sens deux énigmes manquent leur cible, dont une notamment qui, après deux essais consécutifs, donne carrément une feuille de route (un affront…), mais cela représente une extrême minorité sur le jeu. Moi qui ne suis pas spécialement futé malgré mon expérience du jeu d'aventure, je n'ai eu recours à une soluce que pour une seule énigme, dont le mécanisme me paraissait cassé (et apparemment non, mais je n'ai pas vraiment compris pourquoi ça fonctionnait avec la méthode de la soluce et pas avec la mienne Smiley : icon_gene.gif ). Je trouve que la difficulté est très bien balancée : le jeu n'est pas une promenade, et n'est pas non plus affreusement difficile. J'ai toutefois pris quelques clichés avec mon téléphone et eu recours à une poignée de post-its, mais globalement le jeu n'est pas parvenu à m'agacer.

Alors oui, Broken Age est un excellent jeu d'aventure, qu'on se le dise. Et qu'importe ce que l'on entendra à son sujet, ce sont les mêmes qui ont descendu Fez et Heavy Rain, des personnes qui ne savent pas apprécier les choses comme elles sont. Dès que l'on cherche un peu, on tombe sur ces histoires de Gamersgate, de Zoë Couine, de racisme, enfin bref, les traces de pneu habituelles des calbars du café de la gare. Le pari était insensé, la confiance aveugle, la descente aux enfers… infernale. Mais ils ont tenu le cap. Et si la perfection n'existe pas, si le jeu manque parfois d'un tout petit quelque chose ici ou là, il n'en demeure pas moins grand, très grand. Beau, surprenant. Onirique, sarcastique. Fin, équilibré. Réalisé avec passion et sans arrière-pensée.

Image

Je recommande par ailleurs le visionnage du documentaire réalisé par 2 Player Production , qui faisait partie intégrante du projet. Il y a à ce jour 19 épisodes qui oscillent entre 30 minutes et 1 heure, et cela permet vraiment de suivre le développement du jeu, sans langue de bois (les chiffres de vente sont par exemple clairement indiqués), de son lancement extraordinaire à son lynchage en place publique, qui m'a vraiment fait penser à cette analogie du chemin de croix. Le documentaire est désormais disponible gratuitement sur Youtube en 720p, et en 1080p pour environ 20 € avec des interviews bonus. Ce documentaire est une perle, il s'étend mine de rien sur trois ans (et n'est pas encore achevé !), et permet de rappeler que le développement d'un jeu vidéo est quelque chose de difficile, qui demande beaucoup d'investissement sur une longue période, et qu'il ne s'agit pas, lorsqu'il est question d'un vrai jeu vidéo (je ne parle pas d'Angry Birds ou Candy Crush), d'un hobby réalisé par-dessus la jambe qui coûte trois kopeks et qui ne mérite pas d'être vendu plus de 3 €.

Oh, et en guise d'épilogue, je souhaite bien du courage aux petits gars de Playtronic Games… il ne fait pas bon d'être trop populaire de nos jours.



Message édité 7 fois. Dernière édition par Yohmgaï le 03/05/15 à 09:37.


12 commentaire(s)
Voir les autres articles du même auteur au sujet de :

Abonnez vous au flux RSS des articles de cet auteur

Le programme du thélégramme

Article posté le 23/02/13 à 14:37

Salut à tous Smiley : lag33.gif

Certains le savent peut-être, la plupart l'ignorent certainement, mais j'ai ouvert il y a quelques mois un blog sur un coup de tête, afin de publier mon texte La Marche des Volontaires.

Comme la lecture de messages longs peuvent en barber certains, je me suis dit que je pourrais plutôt enregistrer les textes du blog, ce qui pourrait pourquoi pas les rendre plus attractifs.

Du coup, j'ai décidé de créer un sujet sur Blork, afin d'une part de parler de ça, de publier le texte des articles, mais aussi d'avoir vos avis.

Sans plus tarder, voici donc l'avant dernier épisode d'un programme qui n'a pas encore de nom, dédié à la critique du film Lincoln de Steven Speilberg.

La vidéo se trouve ici : Avant-Dernier Épisode, numéro 1

Et le texte (un tout petit peu modifié pour la voix) :



Citation :

C'est un film qui est long, mais qui est bien.
Les acteurs choisis ont des tronches, et c'est suffisamment rare pour être souligné.
Le travail sur l'éclairage est très bon. Le film se passant au milieu du XIXe siècle, nous sommes éclairés à la bougie et par les fenêtres, et cette ambiance sombre, où la lumière manque, est parfaitement retranscrite. Certains décors sont presque des huiles, des natures mortes, et les acteurs sont éclairés comme au temps du Caravage. C'est esthétiquement une réelle réussite, avec une palette froide assez surprenante, et des filtres (ou des lentilles peut-être) de la belle époque qui créent des halos sur les lumières.

Lincoln, comme beaucoup de biopics, n'est pas ciblé sur la vie de Lincoln, mais sur un événement précis. C'est donc en fait la guerre de Sécession et l'abolition de l'esclavage qui sont traités ici, dans leur versant politique. Je n'en dis pas plus, vous verrez comment tout cela s'imbrique.
D'ailleurs, je trouve que la pénultième scène est hors-propos, puisqu'elle n'apporte rien au récit, alors que ce dernier s'attache à un événement précis sans parler de ce qui le précède, et n'a donc pas d'intérêt à montrer aussi peu adroitement ce qui le suit.
De même, outre la musique vraiment moyenne de John Williams, on pourra reprocher l'emploi d'un son grave et sourd qui accompagne certaines phrases considérées comme importantes, méthode davantage appropriée aux concours de tuning néo-jersiais de Michael Bay qu'à un film historique.

Le film n'est pas forcément évident à suivre, car il y a beaucoup de noms qui nous sont totalement inconnus, et que comme tout conflit, la stratégie est complexe, mais on tient bon. Les acteurs sont bien en place (sauf Joseph Gordon-Levitt, plus proche du parti pris douteux des derniers Sherlock Holmes ou du misérable Misérables, mais que l'on voit heureusement très peu), tout fait vrai, et le personnage de Lincoln est peint d'une manière intéressante.

Je le recommande pour peu que l'on s'intéresse à l'Histoire (car je pense qu'autrement, le film se veut trop précis pour être divertissant).




N'hésitez pas à réagir Smiley : lag11.png



Message édité 1 fois. Dernière édition par Yohmgaï le 23/02/13 à 14:38.


5 commentaire(s)
Voir les autres articles du même auteur au sujet de :

Abonnez vous au flux RSS des articles de cet auteur

La Marche des Volontaires (Foxconn, Apple, et le reste)

Article posté le 14/12/12 à 09:57

Je tape aujourd'hui ce texte sur un ordinateur. J'ignore bien évidemment qui a assemblé cet ordinateur. Vous me lisez aujourd'hui sur un appareil, peut-être un ordinateur, une tablette, un smartphone, que sais-je ; et vous l'ignorez tout autant.

Ce que l'on sait aujourd'hui, vous et moi, c'est que la majeure partie des produits technologiques sont fabriqués dans des pays dits « en voie de développement », et pour faire plus simple, des pays où l'on trouve suffisamment de gens pauvres ou peu instruits pour les faire travailler à la chaîne pour une poignée d'euros.

Le 13 décembre 2012, France 2 a diffusé lors de son émission documentaire « Envoyé Spécial », un reportage au sujet de Foxconn (et plus précisément Apple et son iPhone). Foxconn est une entreprise taïwanaise dont les usines sont situées en Chine. Il s'agit d'un assembleur qui a pour client, selon Wikipedia, Microsoft, Dell, Asus, Acer, MSI, Apple, Nokia, Sony ou encore Amazon (liste non exhaustive).

Ce documentaire met en avant plusieurs choses. Bien évidemment, comme tout documentaire, il y a des mensonges par omission, ainsi que des orientations un peu nébuleuses (ou parfois trop partiales). Je me permets d'en parler, car c'est un sujet régulièrement débattu, et que certaines informations erronées reviennent régulièrement.



La pomme empoisonnée.

J'entends régulièrement une association peu judicieuse, qui dit qu'Apple pousse ses employés au suicide. Non, vraiment, je l'ai lu et entendu plusieurs fois. Tout d'abord, Apple n'est pas Foxconn, Apple n'est qu'un client parmi tant d'autres. Le plus gros aujourd'hui, car leurs produits connaissent un franc succès, mais cela n'y change pas grand-chose, cette situation est très récente et la roue pourrait tourner. Ensuite, le suicide observé au sein des employés des chaînes de production de Foxconn (qui emploie plus d'un million de Chinois, ce qui équivaut environ à la moitié de la population parisienne) est même inférieur au taux de suicide du pays. Loin de moi l'idée de dire que ce n'est pas grave. Mais associer Foxconn au suicide de ses employés, c'est oublier que l'on se suicide tout autant, voire davantage, partout ailleurs (avec bien évidemment une distinction de classe sociale, mais je vais y revenir).

Cette petite mise au point effectuée, passons à ce qui me tient à cœur.



Sont nominés.

Quels sont les acteurs de la chaîne ? Trois sont régulièrement pointés du doigt.

— Le sous-traitant, qui maltraite ses employés.

— L'entreprise, qui passe une commande à un sous-traitant qui maltraite ses employés.

— Le client final, qui achète le produit d'une entreprise qui passe commande à un sous-traitant qui maltraite ses employés.

Bien que défenseur de la « consommaction », qui consiste à acheter en fonction de ses besoins et de ses convictions, le domaine des nouvelles technologies n'a pas, hormis certaines marques haut de gamme, vraiment de choix éthique à proposer. Soit l'on se prive du confort (et du divertissement) qu'apporte la technologie, soit l'on participe implicitement à la chaîne. Vous lisez ce texte, dans cette logique vous êtes donc coupable.

L'entreprise, elle, a malheureusement un fort argument qui la disculpe partiellement. Peut-être vous êtes-vous déjà plaint d'une rupture de stock d'un produit… certains même croient que ces ruptures sont organisées (passionnant comme hypothèse), et se plaignent de plus belle. Dans de nombreux cas, surtout aujourd'hui où l'on passe commande d'un produit directement chez la marque, un produit en rupture, c'est parce que la quantité de fabrication n'est pas suffisante. Un iPhone, c'est 5 millions de produits vendus le week-end de son lancement. Foxconn est aujourd'hui la seule entreprise capable de fournir une telle capacité de production. Les clients des assembleurs arrivent avec une demande, en fonction des prévisions de vente. À l'heure des sorties mondiales, certains impératifs semblent dépasser l'humainement possible. Mais pour décrocher ces contrats faramineux, Foxconn multiplie ses usines, et devient le seul acteur capable de répondre à une telle demande, tandis que ses bénéfices lui permettent également d'avoir les équipements nécessaires pour répondre à tout type de demande sur ses lignes de production. Une solution à tous les problèmes… tant que l'on reste sur un tableur.

Mais alors, le vilain méchant, dans tout ça, c'est peut-être bien Foxconn. La campagne de recrutement est mensongère. Les employés sont sous-payés. Les heures supplémentaires dépassent tous les quotas autorisés. Les employés sont parqués dans des dortoirs sans la moindre intimité. Ils sont insultés quotidiennement par leurs supérieurs, voire humiliés. Il y a même des mineurs envoyés par leurs écoles pour… attendez. Des mineurs envoyés par leurs écoles ?

Ça, c'est quelque chose que j'ignorais, mis en lumière de manière limpide par le documentaire. Qui sont ces mineurs ? De simples étudiants. Pourquoi sont-ils envoyés dans ces usines contre leur propre gré et celui de leurs parents ?



La Marche des Volontaires

Nous sommes en Chine. Et plus exactement, en République Populaire de Chine. Un pays dont le gouvernement est totalitaire. Un pays qui souhaite réduire le Tibet à néant, parce que. Un pays qui a détruit sa langue pour la rendre accessible avec le moins d'études possible. Un pays qui a brûlé son passé, qui tente de tout contrôler, qui désinforme sa population. Une situation que le peuple chinois a acceptée, car le communisme permettait l'égalité pour tous. Aujourd'hui, d'égalité, il ne reste plus rien. Plus rien du tout. Le gouvernement manque à toutes ses obligations. L'éducation, la santé, les conditions de vie… je ne vous fais pas un dessin. Et le gouvernement voit en ces contrats mirobolants avec les mastodontes de l'électronique grand public, une occasion qu'il ne souhaite pas laisser filer. Pas aux Indiens, aux Thaïlandais, au Brésil, à l'Europe de l'Est, à tous ces pays où l'on trouverait suffisamment de pauvres à sous-payer à cause d'un gouvernement absent. Il manque des esclaves à Foxconn ? Le gouvernement peut vous aider. Les écoles de la république sont une ressource inestimable. On envoie bien les jeunes au service militaire, pourquoi pas à l'usine, après tout ?

La campagne de recrutement est mensongère… mais qui est compétent pour enrayer la publicité mensongère ?

Les employés sont sous-payés… mais qui est chargé de définir le salaire minimum ?

Les heures supplémentaires dépassent tous les quotas autorisés… mais qui a pour mission que ces conditions soient respectées ?

Les employés sont parqués dans des dortoirs sans la moindre intimité… mais qui rédige le Code du travail, et fait appliquer les droits de l'Homme ?

Ils sont insultés quotidiennement par leurs supérieurs, voire humiliés… mais qui définit les recours des employés face aux abus sur le lieu de travail ? Et qui les fait appliquer ?

Et qui n'a pas donné l'opportunité à ces gens d'être suffisamment éduqués pour avoir un emploi décent ? Et qui fait que dans les provinces d'un pays de neuf millions de kilomètres carrés, on préfère se faire insulter pour assembler des gadgets dans une ville-usine plutôt que de chercher un boulot dans sa ville et ses environs ?



Le potage de couilles.

Le problème de Foxconn n'est pas différent du problème des autres usines qui sont sur le sol chinois. En concurrence les une aux autres, puisque les règles se négocient avec l'État, et que les conditions de vie sont déplorables, les corvéables sont un point négligé : il y en aura toujours, et on en fera un peu ce que l'on veut, car à moins d'être correctement instruits (et donc d'une famille riche,) ils ne sont pas en position d'exiger mieux.

D'ailleurs, Foxconn en a sûrement marre d'être toujours dans le collimateur, et compte bien automatiser ses chaînes de montage à court et moyen terme. La belle affaire… il y a fort à parier que ces employés franchement limogés iront trouver un autre travail… et finiront un jour par fabriquer les robots qui les ont remplacés. Apple souhaite également déplacer une partie de sa production aux USA. On ignore pour le moment l'ampleur de cette « relocalisation », gageons qu'elle concernera une très faible part de sa production. Mais, si l'opération est un succès, cela pourrait faire naître une nouvelle ère de l'industrialisation, peut-être plus saine… dont les conséquences seraient totalement imprévisibles.



L'espoir.

Advienne que pourra. L'opinion publique chinoise est malmenée. Les raisons qui les ont poussés à faire confiance au gouvernement accusent d'un coup de canif dans le contrat. Pendant longtemps protégé par une censure efficace, les nouvelles technologies d'information mettent à mal le filtre mis en place par le gouvernement, qui ressemble de plus en plus à une passoire. Les inégalités sont pointées du doigt, par la presse, par des organisations locales. Il se pourrait bien que le régime vive ses dernières années… pour une fois, la Chine ne se lèverait donc pas qu'à la vue des Nippons.



Message édité 1 fois. Dernière édition par Yohmgaï le 14/12/12 à 12:27.


10 commentaire(s)
Voir les autres articles du même auteur au sujet de :

Abonnez vous au flux RSS des articles de cet auteur

10 comme 2011 (si, d’abord)

Article posté le 03/01/12 à 13:01

À la demande générale et implicite de deux personnes, voici le grand retour du topic du bilan annuel Smiley : lag11.png

Je vous en rappelle l'énoncé :
Ce que je vous propose, c'est de faire état de 10 choses, positives comme négatives, qui vous ont marqué durant l'année 2011. Cela peut être un événement, un jeu, une musique, un film, un achat, un objet, une image, un spectacle etc. positif ou négatif, bonne surprise ou déception, il en faut dix.

Profitez-en pour faire partager ce qui vous tient à cœur, que ce soit d'ailleurs dans le positif ou dans le négatif, illustrez le plus possible pour que chaque rétrospective soit intéressante, parce que bon, on voit partout des listes de trois mots qui ont autant de sex-appeal que le slip kangourou « pisse and love » que Lag utilise quotidiennement depuis maintenant 25 ans.
Il n'est pas indispensable que vos découvertes de 2011 datent de 2011. Et si vous n'estimez pas avoir le temps, et ne pas l'avoir avant au moins six mois… vous pouvez faire une liste simple, mais c'est dommage Smiley : lag04.png

La retrospective de 2010 est consultable ici : Smiley : icon_freytawpumba.png



Message édité 2 fois. Dernière édition par Yohmgaï le 03/01/12 à 13:03.


44 commentaire(s)
Voir les autres articles du même auteur au sujet de :

Abonnez vous au flux RSS des articles de cet auteur

Face B

Article posté le 05/07/11 à 08:50

Salut les Blorkiens Smiley : lag18.png

Alors, aujourd'hui, j'me suis dit qu'il manquait un topic simple sur la musique Smiley : icon_yeux_triangle1.gif On a certes un topic de musique , mais c'est un topic très libre, où l'on peut avoir des pages de discussion, sans structure particulière. Alors, pour ne pas faire doublon, celui-ce sera sensiblement différent.

Ce que je vous propose, c'est de partager un morceau ou deux, si possible pas très connu (par exemple, des titres que le temps a fait oublier, des faces B etc.), en nous disant pourquoi vous aimez/avez choisi ce morceau, avec un lien pour l'écouter (ou voir le clip).

Ah, et j'oubliais, pas de musique de jeu vidéo (même remixées), d'OST (manga, films etc.), de trucs amateurs, et pas de listes, sinon on va pas s'en sortir… Smiley : lag33.gif Il y a le topic musique pour ça, ou d'autres sujets spécialisés Smiley : lag11.png Et si possible, illustrez un minimum (genre pochette de l'album) comme ça niveau lisibilité, on sait directement où y'a quelque chose à écouter Smiley : lag33.gif

Au cas où, je précise que l'on peut participer autant de fois que l'on veut (évitez les double posts par contre…), et bien sûr tous discuter des liens qui sont postés, c'est même vivement encouragé ! Mais ce n'est pas un topic pour parler de la musique, plus pour faire découvrir notre titre du moment, ou notre perle que l'on a gardé depuis trop longtemps, un peu triste car on avait l'impression de n'avoir personne avec qui la partager Smiley : lag11.png
Pas de complexes, tous les genres et toutes les époques sont acceptées (avec quand même une grande préférence pour le rétro Smiley : lag18.png) Smiley : icon_freytawpumba.png



Message édité 4 fois. Dernière édition par Yohmgaï le 07/07/11 à 11:56.


93 commentaire(s)
Voir les autres articles du même auteur au sujet de :

Abonnez vous au flux RSS des articles de cet auteur


Page [ 1 2 3 ]


// Blam ! Version 2.0 Ecrit avec nos petits pieds 44 fillette. //


Télécharger : facile, amusant, génial